Courtier ou banque : qui sert vraiment vos intérêts ?
Lorsqu’il s’agit d’investir, la question revient inlassablement : faut-il se tourner vers sa banque, ou bien faire appel à un courtier ?
En apparence, la réponse peut sembler simple. La banque inspire confiance, elle centralise vos finances et offre un visage humain à vos projets. Le courtier, lui, promet davantage d’indépendance et de compétitivité. Mais en creusant, on découvre que le choix n’est pas qu’une affaire de confort : il impacte directement la performance nette de vos placements.
La banque : simplicité et proximité… mais à quel prix ?
Pour la majorité des épargnants, la banque reste le réflexe naturel. Elle gère vos comptes, vos crédits, votre assurance et vos placements. Vous disposez d’un interlocuteur unique, d’une relation parfois de longue date, et d’un sentiment de continuité rassurant.
Cependant, derrière ce confort apparent se cache une réalité plus nuancée. Les banques, y compris les banques privées censées offrir un service haut de gamme, fonctionnent le plus souvent avec un catalogue fermé. Cela signifie que les produits proposés – contrats d’assurance-vie, fonds communs de placement, gestions pilotées – sont majoritairement des produits “maison”.
Le problème, c’est que ces produits ne sont pas toujours compétitifs. Les fonds maison affichent fréquemment des frais de gestion supérieurs à ceux des fonds du marché, tout en offrant des performances pas forcément meilleures. La logique est claire : avant de servir l’investisseur, ces solutions doivent servir la rentabilité de la banque.
En d’autres termes, le choix de la simplicité peut parfois coûter cher, car il enferme l’investisseur dans une architecture qui n’est pas nécessairement la plus performante.
La gestion sous mandat : un confort qui se paie cher
La gestion sous mandat, ou gestion pilotée, illustre parfaitement ce paradoxe.
L’idée séduit de nombreux investisseurs : déléguer ses décisions d’investissement à des experts, choisir un profil de risque (prudent, équilibré, dynamique), et laisser un gestionnaire professionnel ajuster le portefeuille au fil du temps.
Sur le papier, c’est une solution idéale pour ceux qui manquent de temps ou de connaissances. Dans les faits, la gestion sous mandat s’accompagne d’une structure de frais souvent lourde :
- frais d’entrée ou de versement, qui peuvent atteindre 5 %,
- frais de gestion annuels de 0,65 % à 1 %,
- frais internes liés aux supports (unités de compte, OPCVM ou fonds maison),
- parfois des frais d’arbitrage ou même de surperformance.
Additionnés, ces frais grèvent sérieusement la performance. Un mandat affichant 1,6 % de frais annuels sur un capital de 100 000 € coûte 1 600 € par an. Sur dix ans, ce sont déjà 16 000 € prélevés, sans compter le manque à gagner sur les intérêts composés.
Ainsi, la promesse d’une gestion professionnelle peut rapidement se transformer en piège silencieux : vous gagnez en confort, mais perdez en rendement net.
Les courtiers : indépendance et compétitivité potentielle
Face à cette logique de produits maison, les bons courtiers apparaissent comme une bouffée d’air frais. Contrairement aux banques, ils ne sont pas enfermés dans un catalogue restreint. Ils peuvent comparer et sélectionner des produits provenant de multiples établissements, ce qui permet d’adapter la stratégie aux besoins de l’investisseur plutôt qu’aux contraintes commerciales d’une institution.
Sur les frais, l’écart peut être encore plus flagrant. Selon la politique du courtier vous pouvez espérer jusqu'à 0% de frais d'entrées sur vos opérations.
Les banques privées : un service haut de gamme… ou un mirage coûteux ?
On pourrait croire que les banques privées échappent à ces travers. Après tout, elles s’adressent à une clientèle plus aisée, supposée exigeante, et mettent en avant un accompagnement “sur mesure”. Mais la réalité est parfois décevante.
La plupart des banques privées continuent à privilégier leurs propres fonds maison, ou des gestions sous mandat aux frais élevés. L’accompagnement personnalisé est réel, mais il ne suffit pas à compenser une architecture fermée qui limite la diversification et rogne la performance nette.
Le prestige du label “banque privée” ne garantit donc pas la pertinence des solutions proposées. Pire, il peut créer un faux sentiment de sécurité qui détourne l’attention des frais et de la performance réelle.
Les frais : le facteur décisif, souvent sous-estimé
Dans le débat entre banques et courtiers, une vérité s’impose : ce sont les frais qui font la différence.
Un portefeuille générant 6 % de rendement brut, mais amputé de 2 % de frais, ne rapporte en réalité que 4 %. À l’inverse, un portefeuille avec les mêmes performances brutes, mais seulement 0,5 % de frais, atteint 5,5 % net.
La différence paraît minime sur une année. Mais sur vingt ans, elle devient abyssale. Avec un capital de départ de 50 000 €, le premier scénario aboutit à environ 110 000 €, tandis que le second frôle les 147 000 €. L’impact est direct, massif, et pourtant souvent négligé.
Conclusion : un choix stratégique, pas anodin
Faut-il alors trancher entre la banque et le courtier ? Pas nécessairement. Les deux approches peuvent se compléter.
La banque conserve des atouts en termes de centralisation, de simplicité et de relation humaine. Le courtier, de son côté, offre la diversité des supports, la compétitivité des frais et l’efficacité des outils.
Le véritable enjeu est ailleurs : il s’agit de ne jamais perdre de vue la performance nette de frais. Car dans l’univers de l’investissement, ce n’est pas la promesse de rendement brut qui compte, mais bien ce que vous conservez réellement dans votre poche après déduction des frais visibles… et invisibles.
Nous avons consacré un épisode complet de notre podcast L’Art de la Gestion Financière à cette question essentielle : Banque ou courtier ? Vous y découvrirez des exemples concrets, des comparatifs détaillés et les erreurs à éviter pour protéger vos rendements.
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