Comment fonctionne un produit structuré ?
Un produit structuré est un support d’investissement créé par une banque d’investissement pour offrir un rendement potentiel lié à l’évolution d’un actif financier, appelé sous-jacent. Ce sous-jacent peut être un indice boursier, une action, un panier d’actions ou, plus rarement, un taux ou une matière première. Le fonctionnement repose sur la combinaison de deux briques financières : une obligation, qui permet de sécuriser une partie du capital, et une option, qui conditionne le rendement en fonction de la performance du sous-jacent.
Chaque produit structuré possède une durée définie, généralement entre huit et douze ans, et un mécanisme automatique de sortie anticipée. Tant que le sous-jacent se maintient au-dessus d’un seuil de protection prédéterminé, l’investisseur peut percevoir un coupon annuel ou trimestriel. Si le sous-jacent chute en dessous de la barrière finale à l’échéance, le capital n’est plus protégé et l’investisseur subit la même baisse que le marché.
C’est un contrat clair : si le scénario de marché prévu se réalise, l’investisseur est rémunéré. Si le scénario ne se réalise pas, il assume le risque.
Différents types de produits structurés selon le niveau de protection
Il existe trois grandes familles de produits structurés. Les produits à capital garanti sécurisent l’intégralité du capital à l’échéance, mais leur rendement est faible. Les produits à protection partielle, les plus utilisés en gestion patrimoniale, offrent des coupons plus élevés en contrepartie d’une perte possible si la barrière finale est franchie. Enfin, les produits directionnels, peu adaptés à des profils prudents, misent sur une hausse franche du sous-jacent et exposent davantage l’investisseur.
Le niveau de risque d’un produit structuré dépend donc principalement du seuil de protection du capital, appelé barrière. Une barrière située à –30 % signifie que tant que le sous-jacent ne baisse pas de plus de 30 % à l’échéance, le capital est préservé. Plus cette barrière est profonde, plus le produit est défensif.
Pourquoi investir en produits structurés ?
Les produits structurés répondent à un besoin précis : générer un rendement dans un marché incertain. Ils permettent d’obtenir un revenu potentiel même lorsque le marché ne progresse pas. Contrairement à une action qui nécessite une hausse pour générer de la performance, un produit structuré peut rémunérer l’investisseur même si le sous-jacent est stable ou légèrement en baisse.
Le rendement est connu à l’avance. Dès la souscription, l’investisseur sait que le produit peut verser, par exemple, 7 % par an tant que l’indice EuroStoxx 50 ne recule pas au-delà d’un seuil défini. Cette lisibilité est rare dans l’univers financier.
Enfin, un produit structuré peut être utilisé pour diversifier un portefeuille sans s’exposer entièrement à la volatilité des actions. Il s’intègre bien dans un contrat d’assurance vie ou dans un compte titres, comme une alternative à des supports obligataires ou sur des marchés actions.
Produits structurés ou investissement direct en actions : comment choisir ?
Investir en actions offre un rendement potentiellement illimité mais expose directement à la volatilité. À l’inverse, un produit structuré permet de capter une performance plafonnée, mais avec une protection partielle du capital. Le choix dépend du profil.
Avec un produit structuré, l’investisseur accepte de limiter son gain maximal en échange d’une probabilité plus élevée d’atteindre le rendement cible. C’est un compromis : moins d’incertitude sur le rendement potentiel, mais pas d’exposition à la hausse illimitée des marchés.
Les risques à connaître avant d’investir
Les produits structurés sont des placements performants lorsqu’ils sont compris et utilisés correctement, mais ils comportent des risques. Le premier risque est la perte en capital si le sous-jacent passe sous la barrière finale à l’échéance. Le deuxième risque est l’illusion de sécurité : la protection du capital ne vaut que le dernier jour du produit. En cours de vie, sa valeur peut fluctuer fortement.
Un troisième risque est souvent négligé : le risque de défaut de l’émetteur. Si la banque qui a conçu le produit venait à faire faillite, le capital investi pourrait être perdu, même si le sous-jacent a bien évolué. Enfin, la liquidité est limitée : sortir d’un produit structuré avant la date prévue entraîne généralement une perte de valeur, car il n’existe pas de marché secondaire fluide pour ces produits.
Frais et manque de transparence : attention aux produits structurés « commerciaux »
Certains produits structurés distribués massivement sur le marché intègrent des frais de structuration importants. La banque intègre dans la construction du produit une marge prélevée dès le départ, parfois entre 3 % et 7 %. Ajoutons à cela les frais du contrat dans lequel le produit est logé et les éventuelles commissions de distribution. Au final, le rendement annoncé au client peut être nettement inférieur au rendement réellement généré par le produit.
D’où la nécessité absolue de comprendre la mécanique et d’exiger une transparence totale sur la structuration. Un bon produit structuré est celui dont le rendement n’est pas mangé par les frais.
Comment lire la documentation d’un produit structuré ?
Chaque produit structuré est accompagné d’un Document d’Information Clé (DIC), un document réglementaire de trois pages qui détaille la stratégie, le scénario de performance et les frais. Il est indispensable de le lire attentivement. Les éléments clés à vérifier sont toujours les mêmes : objectif du produit, niveau de protection, risque de perte en capital, conditions de versement du coupon et frais de structuration. Si l’un de ces éléments est flou, le produit doit être écarté.
Dans quels cas un produit structuré est-il vraiment pertinent ?
Le produit structuré trouve sa place dans une allocation patrimoniale lorsqu’il répond à un objectif précis : obtenir un rendement connu, supérieur au fonds euro, sans être exposé au risque direct des marchés actions. Il fonctionne particulièrement bien dans un environnement où les marchés sont hésitants, comme aujourd’hui : ni franchement haussiers, ni franchement baissiers. Il ne doit pas constituer la totalité d’un contrat, mais une poche complémentaire, souvent entre 10 et 20 % de l’allocation.
Conclusion : un outil puissant, à condition de comprendre ce que l’on achète
Les produits structurés ne sont pas des produits miracles. Ce sont des outils sophistiqués qui permettent d’améliorer la performance d’un portefeuille, mais uniquement si leur fonctionnement est compris et si leur sélection est rigoureuse. Leur force réside dans leur capacité à générer un rendement dans un marché sans direction, avec un niveau de protection du capital défini à l’avance. Leur faiblesse réside dans leur complexité et dans le manque de transparence de certains produits.
Utilisé à bon escient, un produit structuré est un excellent levier de diversification patrimoniale.
Pour aller plus loin, je vous invite à écouter l’épisode de « L’Art de la Gestion Patrimoniale et Financière » avec Axel Gaudet (Bonnet & Doyen Conseil) et Timothée Ferrand (Equitim), où nous décryptons en détail les produits structurés : leur fonctionnement, leurs avantages, leurs risques et les bonnes pratiques pour les intégrer dans une stratégie patrimoniale. Vous y trouverez des exemples concrets et des conseils pratiques pour mieux comprendre cette classe d’actifs. Le podcast est disponible sur YouTube, Spotify, Apple Podcast et Deezer. Bonne écoute !
FAQ — Questions fréquentes sur les produits structurés
1. Un produit structuré garantit-il le capital ?
Pas toujours. Certains produits garantissent la totalité du capital, d’autres offrent une protection partielle, et certains ne proposent aucune protection. La garantie ne s’applique qu’à l’échéance : en cours de vie, la valeur peut fluctuer fortement.
2. Peut-on sortir d’un produit structuré avant la fin ?
Oui, mais ce n’est généralement pas recommandé. La valeur du produit dépend des conditions de marché au moment de la sortie, et une sortie anticipée entraîne souvent une moins-value. La logique d’investissement est de rester jusqu’à l’échéance ou jusqu’à une sortie anticipée automatique prévue par le contrat.
3. Quel rendement peut-on attendre avec un produit structuré ?
Le rendement est défini dès la souscription, souvent sous forme de coupon annuel. Selon le niveau de protection et le sous-jacent, les rendements observés varient généralement entre 6 % et 10 % par an pour les produits à protection partielle du capital.
4. Quels sont les principaux risques ?
Le risque majeur est la perte en capital si le sous-jacent passe en dessous de la barrière finale à l’échéance. Il existe aussi un risque lié à l’émetteur (faillite de la banque), ainsi qu’un risque de liquidité si l’investisseur souhaite sortir avant la fin.
5. Les produits structurés sont-ils adaptés à tous les profils ?
Non. Ils sont adaptés aux investisseurs qui comprennent le mécanisme et peuvent immobiliser le capital sur plusieurs années. Pour les profils prudents, ils peuvent jouer un rôle complémentaire aux fonds euros. Pour les profils plus dynamiques, ils permettent d’améliorer le rendement en limitant l’exposition directe aux marchés.
6. Comment analyser un produit structuré avant de souscrire ?
Il est indispensable de lire le Document d’Information Clé. Les points à vérifier sont : le niveau de protection du capital, le mécanisme de coupon, le sous-jacent, la durée maximale, les conditions de sortie anticipée et les frais de structuration.
7. Quelle fiscalité s'applique aux produits structurés ?
Le produit lui-même n’a pas de fiscalité spécifique. La fiscalité dépend du support dans lequel il est logé : assurance vie, plan d'épargne retraite ou compte titres. En assurance vie ou PER, la fiscalité peut être optimisée.










