Investir en tant qu’entrepreneur: Stratégies pour valoriser votre trésorerie et préparer votre retraite

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Investir en tant qu’entrepreneur: Stratégies pour valoriser votre trésorerie et préparer votre retraite
Investir en tant qu’entrepreneur: Stratégies pour valoriser votre trésorerie et préparer votre retraite

Pourquoi investir en tant qu’entrepreneur ?

La trésorerie excédentaire : Une opportunité sous-exploitée

Dans de nombreuses entreprises, la trésorerie excédentaire s’accumule sur des comptes courants ou des livrets faiblement rémunérés, voire non rémunérés. En 2023, selon la Banque de France, plus de 250 milliards d’euros dormaient sur les comptes bancaires des entreprises françaises. Or, cette inaction a un coût.

Premièrement, l’inflation grignote chaque année le pouvoir d’achat de cette trésorerie. Un taux d’inflation à 4 % signifie que 100000 € non investis perdent 4 000 € de valeur réelle par an. Deuxièmement, en laissant dormir ces capitaux, l’entreprise se prive d’opportunités de valorisation, mais aussi de diversification, pourtant essentielles dans un environnement économique incertain.

Enfin, bien utilisée, cette trésorerie peut devenir un levier stratégique. Par exemple, un dirigeant qui investit dans des actifs générateurs de revenus (SCPI, contrats de capitalisation, private equity, etc…)peut améliorer la rentabilité globale de son entreprise, renforcer sa solidité financière et même financer des projets futurs sans recourir à l’emprunt. En ce sens, investir, c’est aussi préparer l’entreprise à l’avenir.

Construire sa liberté financière et anticiper la sortie

Être à la tête d’une entreprise ne garantit pas une indépendance financière. Trop souvent, les dirigeants concentrent la quasi-totalité de leur patrimoine dans leur société, pensant que la cession future suffira à financer leur retraite. C’est une erreur fréquente.

D’une part, la valorisation d’une entreprise au moment de la transmission est toujours incertaine : dépendance au marché, fiscalité applicable, état du secteur, etc. D’autre part, la cession d’une société ne se traduit pas nécessairement par une liquidité immédiate, surtout si le repreneur négocie un étalement du paiement.

Investir pendant sa vie entrepreneuriale permet de créer des revenus alternatifs, de préparer une retraite choisie plutôt que subie, et de ne pas dépendre entièrement de la réussite d’un seul actif :l’entreprise elle-même.

Prenons l’exemple d’un dirigeant qui place régulièrement une partie de la trésorerie via une holding dans des supports à long terme (ETF, immobilier, private equity). En 15 à 20 ans, il peut se constituer un patrimoine financier capable de générer plusieurs milliers d’euros de revenus mensuels, indépendamment de la cession de sa société. C’est ce qu’on appelle créer des piliers patrimoniaux en parallèle du business.

En définitive, investir en tant qu’entrepreneur, c’est :

  • Optimiser l’utilisation des excédents de trésorerie,
  • Se protéger contre l’incertitude,
  • Préparer activement sa liberté financière.

Cela sous-entend toutefois d’avoir une vision claire de ses finances ! Or la comptabilité n’est pas toujours facile à gérer pour un entrepreneur (coût d’un suivi par un expert-comptable, solution de gestion pas adaptée, etc…). Raison pour laquelle nous vous recommandons l’utilisation d’un logiciel comptable qui permettra de répondre à vos objectifs de manière simple et efficace :

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Les solutions pour investir la trésorerie de son entreprise

Comprendre le cadre juridique et fiscal

Avant d’envisager le moindre placement, il est essentiel de distinguer clairement la trésorerie d’entreprise du patrimoine personnel du dirigeant. La trésorerie appartient à la société : son utilisation doit donc respecter des règles juridiques et fiscales spécifiques.

Une fiscalité propre à l’IS

Les plus-values générées par les placements effectués via la société sont soumises à l’impôt sur les sociétés (IS). Par exemple, si une entreprise réalise une plus-value de 10 000 € sur un contrat de capitalisation, cette somme sera imposée au taux de l’IS (15 % jusqu’à 42 500 €de bénéfice, puis 25 % au-delà, selon les règles en vigueur en 2025).

L’intérêt d’une holding patrimoniale

Pour optimiser la gestion de sa trésorerie à des fins patrimoniales, de nombreux dirigeants créent une holding patrimoniale. Cette structure, souvent soumise à l’IS, permet de centraliser les excédents de trésorerie, d’investir dans des actifs financiers ou immobiliers, et de bénéficier du régime mère-fille pour limiter la fiscalité sur les dividendes encas de remontée de liquidités.

Elle constitue également un outil efficace de transmission, de pilotage de groupes de sociétés, ou encore de préparation de la retraite (via la constitution d’un portefeuille de revenus indépendants de l’activité opérationnelle).

 

Les placements à court, moyen et long terme

Adapter ses placements à son horizon de temps est une règle fondamentale en gestion de trésorerie. Voici un panorama des solutions possibles selon la durée de placement et les besoins de l’entreprise :

Court terme (0 à 2 ans) : sécurité et disponibilité

  • Comptes à terme : Rémunération contractuelle brute de fiscalité, disponibilité des fonds sous conditions.
  • Fonds monétaires (OPCVM, monétaires) : Instruments financiers très liquides, avec un rendement souvent modeste mais supérieur au compte courant.

Ces placements privilégient la liquidité et la sécurité, avec une fiscalité allégée tant que les produits restent dans la société.

Moyen terme (2 à 6 ans) : rendement modéré et diversification

  • Contrats de capitalisation détenus en compte-titres par la société : ils permettent d'accéder à une large gamme de supports (fonds euros, unités de compte), avec une fiscalité à l’IS.
  • Obligations d’entreprises via OPCVM : pour diversifier le risque de crédit, tout en visant une rentabilité supérieure à celle du monétaire.

L’objectif ici est de valoriser le capital sans l’immobiliser à long terme, tout en intégrant progressivement des actifs plus dynamiques.

Long terme (6 ans et +) : croissance et levier patrimonial

  • Private equity (capital-investissement) : Via des FCPR, permet de soutenir des PME en croissance et de viser des rendements élevés (>8 % par an), en contrepartie d’une faible liquidité.
  • SCPI en pleine propriété : Offrent un rendement locatif stable (entre 4 % et 5 % net en moyenne), mais avec une liquidité limitée.
  • SCI soumises à l’IS : Pour investir dans l’immobilier avec amortissement comptable, ce qui réduit la fiscalité sur les loyers.
  • ETF capitalisants : Via une holding : solution efficace pour capter la croissance des marchés mondiaux avec des frais très réduits et une logique de capitalisation long terme.

Ces solutions permettent de construire une réserve de valeur stratégique, mobilisable à terme pour financer des projets, sécuriser la retraite ou transmettre.

 

Exemple de stratégie multi-niveaux

Imaginons une entreprise disposant de 500 000 € de trésorerie excédentaire, non affectée à l’exploitation. Voici une stratégie cohérente, répartie selon le triptyque rendement – liquidité – fiscalité:

  • 100 000 € (20 %) : Placés en fonds monétaires pour sécuriser les besoins de court terme (souplesse, réactivité).
  • 200 000 € (40 %) : Investis via un contrat de capitalisation et des SCPI (rendement moyen à 4%, capital progressivement valorisé).
  • 200 000 € (40 %) : Transférés dans une holding à l’IS, puis investis en ETF capitalisants et private equity, avec une logique de croissance à long terme et de capitalisation différée.

Ce type d’allocation permet de lisser le risque, d’optimiser la fiscalité selon les enveloppes utilisées, et de préparer des usages différés (complément de retraite, rachat de parts sociales, transmission...).

Le rôle de la gestion conseillée

Un chef d’entreprise n’a pas toujours le temps ni les compétences pour piloter seul cette allocation complexe. C’est pourquoi l’accompagnement par un conseiller en gestion de patrimoine (CGP) ou un family office est souvent recommandé. Il permettra de sélectionner les bons véhicules, d’ajuster l’allocation dans le temps et de gérer les impacts fiscaux de manière proactive.

Préparer sa retraite en tant que dirigeant

Des lacunes majeures dans la retraite des indépendants

Contrairement aux salariés du secteur privé, les dirigeants— notamment les travailleurs non-salariés (TNS) — disposent d’un régime de retraite obligatoire bien moins généreux. Les réformes successives ont certes harmonisé les règles, mais le niveau des pensions reste insuffisant pour maintenir le train de vie après l’arrêt d’activité.

Une retraite de base très partielle

Selon l’Assurance Retraite, un chef d’entreprise ayant cotisé 40 ans perçoit en moyenne entre 1 200 € et 1 800 € bruts mensuels, parfois moins. Ce montant varie fortement selon le statut juridique (SARL, SAS,EI, etc.), les revenus déclarés, et la régularité des cotisations.

Une absence fréquente de dispositifs collectifs

Les petites structures (TPE, professions libérales, gérants majoritaires) n'ont souvent pas de plan d’épargne entreprise (PEE), ni de retraite collective (type PER obligatoire). Résultat : l’essentiel de la préparation retraite repose sur l’initiative personnelle du dirigeant.

Sans stratégie complémentaire, la chute de revenus à la retraite peut être brutale.

 

Les dispositifs adaptés aux entrepreneurs

Pour pallier ces lacunes, plusieurs outils existent, avec des avantages fiscaux non négligeables. L’enjeu est de choisir des solutions souples, évolutives et bien adaptées au statut du dirigeant.

Le PER individuel (Plan d’Épargne Retraite)

Successeur du PERP et du contrat Madelin, le PER individuel permet de se constituer une retraite complémentaire déductible des revenus professionnels.

  • Les versements sont déductibles dans la limite d’un plafond fiscal (soit 10 % des revenus professionnels dans la limite de 8 PASS).
  • À la retraite, les fonds sont récupérables sous forme de rente viagère, de capital fractionné, ou d’un versement unique (option de sortie en capital possible à 100 %).
  • Le PER est transférable et peut héberger des unités de compte variées (fonds euros, SCPI, ETF...).

Bon à savoir : Votre entreprise peut être à l’initiative des versements grâce au dispositif Madelin, et donc prendre en charge les cotisations en votre nom.

 

L’assurance-vie : souplesse et transmission

Moins orientée « retraite » que le PER, l’assurance-vie reste un pilier de la gestion patrimoniale du dirigeant.

  • Liquidité à tout moment, ce qui en fait un outil souple en phase d’épargne.
  • Fiscalité attractive    après 8 ans, notamment pour les rachats partiels ou les sorties en     capital.
  • Transmission hors    succession, avec un abattement de 152 500 € par bénéficiaire pour les     versements avant 70 ans.

En combinant assurance-vie et PER, le dirigeant peut équilibrer souplesse à court terme et efficacité fiscale à long terme.

L’immobilier locatif ou SCPI via holding

Enfin, l’immobilier reste une stratégie robuste pour la retraite. Acquérir un bien locatif en direct ou via une SCI soumise à l’IS permet de générer des revenus réguliers (cash-flow) pour la retraite. Cette dernière stratégie d’acquisition (SCI à l’IS) permet également d’amortir le bien et d’optimiser la fiscalité des loyers.

L’immobilier permet de valoriser un actif à long terme, transmissible ou revendable. Enfin, si vous ne souhaitez pas être soumis aux contraintes de gestion de l’immobilier physique vous pouvez opter pour la pierre-pierre (SCPI) en direct ou via une holding patrimoniale. Ce levier est d’autant plus pertinent si la société dispose de trésorerie excédentaire à employer intelligemment.

 

En résumé, la retraite du dirigeant ne se prépare ni au dernier moment, ni uniquement avec les régimes obligatoires. Une approche combinant optimisation fiscale, diversification des placements et stratégie de transmission est indispensable pour sécuriser cette étape cruciale de la vie entrepreneuriale.

Conclusion

Investir en tant qu’entrepreneur ne relève pas d’un simple choix opportuniste, mais d’une démarche stratégique indispensable. Trop de dirigeants concentrent leurs efforts sur le développement de leur activité, sans anticiper les leviers de valorisation de leur trésorerie excédentaire ni la préparation de leur avenir personnel.

Pourtant, il est possible — et souhaitable — de bâtir une stratégie patrimoniale solide en parallèle de son activité :

  • En faisant travailler intelligemment la trésorerie de l’entreprise,
  • En préparant sa retraite avec des dispositifs adaptés et fiscalement avantageux

La clé ? S’entourer des bons conseillers : Expert-comptable, CGP, avocat fiscaliste, notaire… Chaque situation est unique, et les arbitrages doivent être faits en cohérence avec votre statut, vos objectifs, et votre horizon de temps.

FAQ

❓Comment investir la trésorerie de son entreprise efficacement ?

Investir la trésorerie d’entreprise suppose de respecter un cadre juridique (trésorerie ≠ fonds personnels) et d’optimiser la fiscalité (IS, plus-values, holding). Les solutions varient selon l’horizon :

  • Court terme : Comptes à terme, OPCVM monétaires, fonds euros entreprises.
  • Moyen terme : Contrats de capitalisation en compte-titres.
  • Long terme : Private equity, ETF capitalisant, SCPI, SCI à l’IS.

L’utilisation d’une holding patrimoniale permet souvent une gestion plus souple et fiscalement avantageuse.

❓Quelle est la meilleure solution de retraite pour un entrepreneur ?

Il n’existe pas de solution unique, mais plusieurs dispositifs complémentaires :

  • Le PER individuel pour la déduction fiscale à l’entrée.
  • L’assurance-vie pour sa souplesse et sa transmission avantageuse.
  • L’immobilier (direct ou via SCPI) pour des revenus locatifs à la retraite.

Une stratégie efficace repose souvent sur un panachage de ces outils, en fonction des revenus, de l’âge et du profil de risque.

 

❓Faut-il créer une holding pourinvestir en tant qu’entrepreneur ?

Créer une holding patrimoniale peut offrir plusieurs avantages :

  • Optimisation fiscale : Remontée des dividendes avec régime mère-fille, réinvestissement via apport-cession.
  • Flexibilité d’investissement : Immobilier, private equity, contrats de capitalisation…
  • Transmission facilitée : intégration dans un pacte Dutreil, donations de titres.

C’est un outil particulièrement pertinent pour structurer et diversifier son patrimoine professionnel.

❓Peut-on préparer sa retraite avec la trésorerie de son entreprise ?

Indirectement, oui. En utilisant la trésorerie via une holding ou des placements au nom de la société, un dirigeant peut faire croître un capital qui sera ensuite mobilisé pour la retraite.

Exemples :

  • SCPI détenues via une SCI à l’IS.
  • Contrat de capitalisation en compte-titres société.
  • Constitution de réserves distribuables pour une future retraite en dividendes.

La préparation doit être anticipée et encadrée pour éviter les risques juridiques ou fiscaux.