Qu’est-ce qu’une obligation à haut rendement ?
Les obligations à haut rendement sont des titres de dette émis par des entreprises dont la qualité de crédit est considérée comme plus fragile que celle des grands émetteurs dits investment grade. Concrètement, il s’agit souvent d’entreprises plus endettées, évoluant dans des secteurs cycliques ou à un stade de développement nécessitant un recours plus important au financement.
Ces entreprises doivent proposer des taux d’intérêt plus élevés pour attirer les investisseurs. Ce surcroît de rémunération correspond à une compensation du risque de défaut plus élevé. Le marché des obligations high yield regroupe donc des profils d’émetteurs variés, allant d’entreprises en forte croissance à des sociétés traversant des phases de transition plus délicates.
Notation financière et distinction entre Investment Grade et High Yield
Les agences de notation comme Moody’s ou Standard & Poor’s attribuent une note aux émetteurs (États et entreprises) afin d’évaluer leur capacité à rembourser leur dette.
• De AAA à BBB- : il s’agit de la catégorie Investment Grade (obligations considérées comme de bonne qualité).
• À partir de BB+ jusqu’à D : on entre dans la catégorie High Yield.
Cette frontière est parfois trompeuse. Une entreprise notée BB+ (haut de la catégorie high yield) peut être très proche d’une entreprise notée BBB- (bas de la catégorie investment grade). La différence de catégorie ne reflète donc pas toujours une différence majeure de solidité économique.
Pourquoi les obligations à haut rendement offrent-elles un taux plus élevé ?
Le fonctionnement est simple : plus le risque perçu par le marché est élevé, plus la rémunération exigée par l’investisseur augmente. Les obligations high yield affichent donc des taux d’intérêt supérieurs à ceux des obligations investment grade afin de compenser la probabilité de défaut plus importante.
Dans le contexte actuel de marché, ces obligations peuvent offrir des rendements aux alentours de 5 à 6 %, contre des rendements plus proches de 3 % pour les obligations de meilleure qualité. Le différentiel entre ces deux niveaux de rendement correspond à ce que l’on appelle le spread de crédit. Il représente la prime que le marché accorde aux investisseurs acceptant de prendre plus de risque.
Ce spread varie dans le temps selon le contexte économique, le niveau d’aversion au risque des investisseurs et les perspectives de croissance. En période de tension, il s’élargit. En période de confiance, il se resserre.
Quel est le niveau de risque réel du high yield ?
Il est essentiel de ne pas réduire le high yield à un simple actif spéculatif. Certes, le risque de défaut existe, mais il est mesurable, suivi et partiellement maîtrisable grâce à une diversification suffisante.
En Europe, le taux de défaut moyen sur les obligations à haut rendement se situe généralement autour de 2 à 3 %. Ce chiffre varie selon les cycles économiques, mais il reste relativement contenu dès lors que l’investisseur est exposé à un portefeuille diversifié de nombreuses obligations.
En revanche, investir sur une ou deux obligations en direct concentre le risque de manière excessive. En cas de défaut, la perte peut être très significative. C’est pour cette raison que les fonds obligataires spécialisés constituent une solution bien plus pertinente pour les investisseurs patrimoniaux.
Le risque dépend aussi fortement du niveau de notation. Une obligation notée BB n’a rien à voir, en termes de risque, avec une obligation notée CCC. La construction du portefeuille sous-jacent joue donc un rôle majeur.
Le rôle clé de la duration dans les obligations à haut rendement
La duration mesure la sensibilité d’une obligation à une variation des taux d’intérêt. Plus elle est élevée, plus le prix de l’obligation est sensible à une hausse ou une baisse des taux.
Les obligations à haut rendement ont généralement une duration plus courte que les obligations investment grade ou les obligations d’État. Leur maturité tourne souvent autour de trois à cinq ans, tandis que les obligations d’État peuvent atteindre dix, vingt voire trente ans.
Cette caractéristique les rend moins sensibles aux variations brutales des taux d’intérêt. Lors de la forte remontée des taux en 2022, les obligations high yield ont parfois mieux résisté que les obligations d’État ou certaines obligations très longues.
Leur risque principal ne vient donc pas tant des taux que de la capacité des entreprises à honorer leurs engagements financiers.
Comment investir via des obligations à haut rendement ?
Pour la majorité des investisseurs particuliers, l’accès au marché du high yield se fait via des fonds obligataires spécialisés. Ces fonds permettent d’accéder à un large portefeuille d’obligations sélectionnées par des gérants professionnels, tout en bénéficiant d’une diversification sur plusieurs dizaines, parfois plusieurs centaines d’émetteurs.
Ils offrent également un suivi actif du risque, avec des ajustements en fonction de l’évolution de la qualité de crédit des sociétés ou du contexte économique.
L’investissement en direct dans une obligation à haut rendement revient souvent à concentrer des montants importants sur un seul émetteur. Cette approche n’est généralement pertinente que pour des patrimoines très significatifs et disposant déjà d’une forte diversification.
Concernant les ETF obligataires, leur fonctionnement sur le marché du high yield est plus complexe que sur les actions. La liquidité des obligations est plus hétérogène, les indices plus difficiles à répliquer, et les arbitrages plus contraignants. Dans de nombreux cas, la gestion active reste alors plus pertinente.
Europe ou États-Unis : quelle zone privilégier ?
Le marché des obligations high yield est présent en Europe comme aux États-Unis, mais les dynamiques diffèrent.
En Europe, le marché est plus encadré, notamment sur le plan bancaire et réglementaire. Les taux de défaut ont historiquement été plus limités. Il présente souvent un profil de risque plus modéré.
Aux États-Unis, le marché est plus vaste, plus liquide, mais aussi plus volatil. Les entreprises y ont recours plus fréquemment au financement obligataire, parfois à des niveaux d’endettement plus élevés.
S’ajoute à cela le risque de change. Investir sur le high yield américain expose à une variation EUR/USD. Une baisse du dollar peut effacer une partie, voire la totalité, du rendement obligataire. Il est possible de se couvrir contre ce risque de change, mais cette couverture a un coût qui réduit le rendement final.
Dans une allocation libellée en euros, le high yield européen est donc souvent privilégié, sauf dans des stratégies spécifiques.
Quelle place donner au high yield dans une allocation patrimoniale ?
Les obligations à haut rendement ne sont ni un produit miracle, ni un actif à exclure par principe. Leur place dépend directement du profil de l’investisseur, de son horizon de placement et de la structure globale de son patrimoine.
Dans une allocation diversifiée, elles viennent souvent compléter une poche obligataire plus défensive en investissement grade, ainsi qu’une exposition aux marchés actions. Leur objectif est d’améliorer le rendement global, tout en conservant une volatilité modérée par rapport aux actions.
Elles peuvent être particulièrement pertinentes pour les investisseurs à la recherche d’un rendement intermédiaire dans un contexte de normalisation monétaire, sans pour autant accepter la volatilité d’un portefeuille majoritairement exposé aux actions.
Une solution de rendement, pas un pari spéculatif
Investir via des obligations à haut rendement ne doit pas être envisagé comme un pari agressif mais comme une brique de rendement dans une allocation bien construite. Utilisées avec méthode, diversifiées, intégrées dans une stratégie globale cohérente, elles peuvent jouer un rôle très pertinent dans un portefeuille en 2025 et au-delà.
Leur intérêt réside dans leur capacité à générer du revenu régulier, à offrir une alternative crédible dans l’univers obligataire et à contribuer à la stabilité globale d’un patrimoine lorsqu’elles sont correctement dimensionnées.
🎙️ Pour aller plus loin, retrouvez notre épisode de L’Art de la Gestion Financière avec Jérémy Doyen, Axel Gaudet (Bonnet & Doyen Conseil) et Nicolas Fallope (Arkea Asset Management) consacré aux obligations à haut rendement et au marché du high yield. Nous y revenons en détail sur les mécanismes de ce marché, les risques réels derrière les rendements affichés, le rôle de la duration, ainsi que la place de ces obligations dans une allocation patrimoniale bien construite. L’épisode est disponible sur YouTube, Spotify, Apple Podcasts et Deezer.
Foire aux questions (FAQ)
Comment évaluer la qualité de crédit d’une obligation à haut rendement ?
La qualité de crédit d’une obligation high yield se mesure d’abord via la notation attribuée par des agences spécialisées (comme Moody's, Standard & Poor's ou Fitch Ratings). La notation donne une indication sur la capacité de l’émetteur à honorer ses engagements (paiement des coupons et remboursement du capital). Mais cette notation ne suffit pas à elle seule : il faut aussi examiner les fondamentaux de l’entreprise (niveau d’endettement, maturité de la dette, secteur d’activité, flux de trésorerie, perspectives économiques), le contexte macroéconomique et la durée de l’obligation (duration, maturité). Une entreprise récemment dégradée ou évoluant dans un secteur cyclique peut présenter un risque plus élevé, malgré une notation acceptable.
Quelles sont les stratégies pour diversifier un portefeuille avec des high yield ?
Pour limiter le risque de défaut propre à certaines obligations, la diversification est essentielle. Plutôt que d’acheter une ou deux obligations « directes », il est généralement plus prudent de passer par des fonds ou des OPCVM obligataires qui investissent sur un large nombre d’émetteurs, dans différents secteurs et zones géographiques. Cette diversification permet de diluer le risque idiosyncratique (lié à une entreprise) au profit d’un risque systémique globalement plus maîtrisable. On peut combiner high yield et obligations « investment grade » pour équilibrer rendement et risque, ou encore mixer obligations et actions en fonction de son horizon et profil.
Quels fonds ou ETF obligataires haut rendement comparer en France ?
Sur le segment euro high yield, il existe des fonds accessibles aux investisseurs français. Par exemple, le Horizon Euro High Yield Bond Fund investit majoritairement dans des obligations d’entreprise à haut rendement libellées en euros ou en livres sterling. Évidemment, chaque fonds ou ETF a ses propres caractéristiques (frais, gestion active ou passive, politique d’investissement, qualité des émetteurs), d’où l’importance de comparer la composition, la notation moyenne, la sensibilité aux taux (duration) et les frais.
Quel impact des taux d’intérêt et d’un scénario de récession sur ces obligations ?
Les obligations à haut rendement sont confrontées à deux types de risques : le risque de crédit (défaut de l’émetteur) et le risque de taux. En ce qui concerne le taux, la sensibilité des obligations high yield est souvent atténuée par une maturité relativement courte (par rapport aux obligations souveraines ou à long terme), ce qui réduit l’impact des variations de taux
Toutefois, en cas de récession ou de ralentissement économique, le risque de défaut et la dégradation des notations peuvent augmenter, ce qui pèse fortement sur la valeur des obligations et leurs rendements. Le spread de crédit, la prime de risque exigée par les investisseurs, pourrait alors s’élargir, ce qui peut offrir des opportunités à l’entrée, mais expose aussi à un risque plus élevé.










