Comment optimiser la rémunération d’un dirigeant ?
Optimiser sa rémunération, ce n’est pas simplement choisir entre salaire ou dividendes. C’est penser en priorité à l’équilibre entre efficacité fiscale, protection sociale et capacité de réinvestissement. Trop souvent, les dirigeants se versent un salaire “par défaut” sans anticiper les impacts à moyen terme.
La bonne méthode consiste d’abord à couvrir ses besoins personnels — loyer, alimentation, famille — avec une rémunération stable. Ensuite, à compléter avec des solutions non soumises à cotisations, comme les plans d’épargne entreprise ou les avantages sociaux.
Autres outils sous-estimés : les chèques vacances, les CESU pour les services à domicile, la mise à disposition d’une voiture ou encore le remboursement de frais. Bien utilisés, ces dispositifs permettent d’augmenter la rémunération nette sans alourdir la fiscalité.
Enfin, pour les dirigeants de SAS, les dividendes constituent un levier puissant s’ils sont utilisés intelligemment, notamment en complément d’un salaire raisonnable. C’est cette approche hybride, pensée dans la durée, qui permet d’optimiser à la fois le net perçu, la couverture sociale et le rendement global.
Quel est le statut social d’un chef d’entreprise ?
Le statut social du dirigeant dépend du type de société choisi. Dans une EURL (ou SARL à associé unique), le gérant majoritaire est considéré comme travailleur non salarié (TNS). Ce statut permet de réduire les charges sociales, généralement autour de 40 à 45 % du revenu net, mais la contrepartie est une protection sociale relativement faible, notamment sur la retraite et la prévoyance.
Dans une SASU, le président est assimilé salarié. Il cotise donc comme un salarié, sans assurance chômage, avec un taux de charges pouvant atteindre 80 à 85 %. Ce statut est plus coûteux, mais il offre une bien meilleure couverture : arrêts maladie, invalidité, retraite complémentaire. C’est aussi un profil plus lisible pour les banques, en cas de demande de crédit.
En résumé, un entrepreneur qui cherche à maximiser son net court terme pourra préférer le régime TNS. Celui qui cherche à sécuriser son avenir — ou qui a besoin d’une image solide vis-à-vis des institutions financières — optera plutôt pour le statut assimilé salarié.
Quel est le meilleur statut pour un chef d’entreprise ?
Il n’existe pas de statut universellement “meilleur”. Il y a des contextes, des objectifs personnels, et surtout des contraintes patrimoniales à prendre en compte.
La SASU séduit par sa flexibilité : rémunération variable, ouverture du capital facile, outils d’intéressement modernes comme les BSPCE ou les actions gratuites. C’est un statut souvent adapté à ceux qui souhaitent croître rapidement ou s’associer. En revanche, la charge sociale est élevée, ce qui rend nécessaire une vraie réflexion sur l’arbitrage salaire/dividendes.
À l’inverse, l’EURL est plus sobre et plus rentable à court terme. Elle convient bien aux indépendants, consultants ou entrepreneurs solos qui veulent optimiser leur revenu net. Mais elle limite les outils d’optimisation patrimoniale à long terme.
En réalité, le meilleur statut dépend surtout de votre vision : êtes-vous dans une logique de retraite rapide ou de construction d’un actif ? D’activité stable ou de levée de fonds ? C’est la cohérence globale de votre projet qui doit dicter la forme juridique.
Est-il plus intéressant de se verser un salaire ou des dividendes ?
C’est l’un des arbitrages les plus sensibles pour un chef d’entreprise. Le salaire est fiscalement plus coûteux, mais il ouvre des droits : retraite, prévoyance, arrêts maladie. Il offre aussi une stabilité utile si vous avez besoin d’un crédit ou d’une assurance emprunteur.
Les dividendes, à l’inverse, ne génèrent aucun droit social, mais sont souvent bien moins taxés, surtout en SAS. Ils ne supportent pas de cotisations sociales (contrairement à l’EURL où ils sont en partie assujettis) et sont imposés au prélèvement forfaitaire unique de 30 %, incluant les prélèvements sociaux. Attention tout de même à ne pas oublier que le réglement des dividendes s'effectue après paiement de l'impôt sur les sociétés sur le résultat, à l'inverse des salaires...
En pratique, la stratégie gagnante repose sur la combinaison des deux : un salaire de base pour sécuriser votre avenir et votre quotidien, puis des dividendes en complément, pour dégager de la trésorerie à moindre coût fiscal. Ce duo fonctionne d’autant mieux si l’on y ajoute les outils collectifs évoqués plus haut, comme le PEE ou le PER d’entreprise, qui permettent de sortir des revenus totalement défiscalisés.
Comment se rémunérer avec une holding ?
La holding est l’outil de prédilection des dirigeants avisés. Elle permet de séparer la génération de cash de son utilisation personnelle.
Lorsqu’une société d’exploitation génère du résultat, elle peut verser des dividendes à sa société mère — la holding — avec une fiscalité extrêmement avantageuse : 95 % d’exonération sous le régime mère-fille. Ce flux remonte donc quasiment net.
Le dirigeant peut alors choisir soit de se verser une rémunération depuis la holding (en salaire ou dividendes) soit de réinvestir les bénéfices dans l’immobilier, les marchés financiers, des fonds de private equity, voire dans d’autres entreprises.
La holding devient ainsi une machine à réinvestir, qui permet d’éviter l’imposition immédiate dans le patrimoine personnel. C’est un levier puissant pour faire croître un capital sur le long terme, sans perte fiscale inutile.
Quel est l’intérêt d’avoir une holding ?
Trop souvent réservée à ceux qui ont “déjà réussi”, la holding est en réalité un outil à mettre en place dès les premières années dès lors qu’on souhaite se constituer un patrimoine durable.
Elle permet d’isoler les bénéfices de la société d’exploitation, de les faire fructifier sans frottement fiscal, et d’organiser efficacement la rémunération du dirigeant. C’est aussi une structure idéale pour préparer une cession d’entreprise, faciliter une transmission ou accueillir un associé.
Au-delà des aspects fiscaux, la holding apporte une logique de centralisation patrimoniale. Elle permet de suivre plus facilement ses investissements, d’optimiser la trésorerie, de sécuriser son foyer (par exemple en dissociant patrimoine pro et perso) et de penser long terme.
Si vous voulez comprendre comment assembler ces pièces dans une architecture patrimoniale sur mesure, retrouver des cas concrets, des simulations chiffrées et des recommandations de terrain, ne manquez pas l’épisode avec Alexandre Chapotier, ingénieur patrimonial, sur le podcast L’Art de la Gestion Patrimoniale, disponible sur Spotify, Apple Podcast, Deezer, YouTube.